Extraits des programmes de cours
Si nous observons une personne dans l’une de ses activités quotidiennes les plus banales et que nous lui demandons pourquoi elle agit de telle manière, elle répondra vraisemblablement que c’est par habitude ou que c’est naturel. Le sens commun reconnaît les pratiques ordinaires dans leur appartenance à l’évidence des choses. Considérer que nous agissons naturellement induit que notre comportement ne répond à aucun choix conscient, à aucune décision particulière de notre libre-arbitre. En d’autres termes, nous pouvons dire que la personne estime son action prédéterminée par les conditions habituelles de son existence. (…) Dans cette perspective, observer les scènes de la vie quotidienne consiste à interpréter les conduites naturelles comme des circonstances d’interaction où les individus se comportent en fonction de règles et de normes avec lesquelles il convient de savoir jouer. Dès lors, la situation ordinaire devient observable parce qu’elle a cessé précisément d'être évidente. La situation fait événement, au sens indiqué par Paul Veyne : « est événement tout ce qui ne va pas de soi ». Telle conduite naturelle fera événement dès lors qu’elle ne sera plus considérée comme une simple pratique habituelle. Dans ce cas, une situation de la vie quotidienne, aussi banale soit-elle, correspond à un ensemble de particularités qui interagissent plus ou moins entre elles et dont l’agencement se manifeste dans la cohérence d’une forme observable.
(Extrait de l’introduction de la troisième partie de ce cours : « Filmer le travail des relations sociales »).